Une équipe scientifique du laboratoire de Neurosciences expérimentales et cliniques - LNEC (université de Poitiers / Inserm 1084) s’intéresse aux nouvelles pistes pour compléter et aider le diagnostic des troubles du spectre autistique.

Un diagnostic basé sur la communication et les interactions sociales

Les troubles du spectre autistique (TSA) constituent un handicap majeur dont les premiers signes apparaissent dès l’enfance, avant l’âge de trois ans, et qui persistent tout au long de la vie. Cependant, le diagnostic peut prendre de nombreuses années. Les TSA affectent le comportement social et les facultés cognitives des individus atteints. Plusieurs symptômes sont apparentés à ces troubles, les plus répandus concernant les interactions sociales, la communication verbale ou non-verbale, des mouvements répétés et stéréotypés, des intérêts restreints et des difficultés d’apprentissage.
Décrits pour la première fois par Kanner et par Asperger dans les années 1940, l’étiologie de ces troubles reste encore méconnue en raison de la complexité de sa physiopathologie.

Les troubles moteurs : une nouvelle approche pour aider au diagnostic

Bien qu’à l’heure actuelle le diagnostic soit uniquement basé sur l’existence de déficits persistants de la communication et des interactions sociales et sur la présence de comportements, intérêts ou activités restreints et répétitifs, un nombre croissant de preuves associe les TSA avec des troubles moteurs complexes qui semblent antérieurs aux troubles cognitifs. Identifier ces troubles moteurs, dont ceux de la marche, pourrait ouvrir une nouvelle voie dans le diagnostic précoce et ouvrir potentiellement de nouvelles pistes thérapeutiques ciblant spécifiquement les troubles moteurs.

Une recherche sophistiquée autour du comportement animal

Dans une série de trois publications récentes issues directement de leurs travaux, les chercheurs se sont attelés à la caractérisation du comportement moteur et des troubles de la marche dans des modèles animaux et sur l’identification des réseaux cérébraux qui sous-tendent ces comportements. En effet, il est possible de développer ces modèles animaux de TSA basés sur des mutations génétiques trouvées chez les patients TSA mais aussi en perturbant l’environnement lors de la grossesse affectant ainsi le développement des embryons et leur cerveau. C’est le cas par exemple lors d’une infection virale au cours de la grossesse ou une injection de Dépakine, les deux évènements étant connues pour augmenter le risque de développer les TSA.

Se faisant, les travaux menés par les scientifiques de l’université de Poitiers et de l’Inserm ont montré que quelque soit l’origine de la pathologie, génétique ou environnementale, celle-ci s’accompagne de manière systématique par des de troubles très précoces du développement moteur et des irrégularités de la marche. Par la suite, les chercheurs ont identifié une région particulière du cerveau, le cervelet, qui montre dans tous les modèles utilisés, une perte spécifique de neurones dans les régions du cerveau responsables de ces comportements. D’une manière intéressante, ces troubles étaient plus prononcés chez les souris males que chez les souris femelles montrant un dymorphisme sexuel de la pathologie, telle qu’observé chez l’Homme. De plus, ces travaux montrent que la gravité de l’atteinte motrice est directement corrélée aux troubles d’interaction sociale que développeront les animaux, montrant ainsi de manière directe, que les troubles moteurs et de la marche sont une réelle fenêtre biologique à cette pathologie neurologique à expression psychiatrique.

Légende : Équipement Équipement permettant l’analyse quantitatif et qualitatif de la marche chez la souris.

Légende : Équipement permettant l’analyse quantitatif et qualitatif de la marche chez la souris.

Il devient de fait important d’investiguer si chez l’Homme :  les troubles de coordination motrice, et les troubles de la marche peuvent en effet constituer des éléments diagnostiques précoces. Des projets cliniques sont actuellement en phase de prospection dans ce sens à l’échelle de notre région Nouvelle-Aquitaine.

  • La vie étudiante continue sur les réseaux sociaux !