Marion Loiseau a soutenu sa thèse « Les femmes et leurs images, identité, projection, invention de soi dans les livres d’heures de la France de l’Ouest au XVe siècle » au Centre d'études supérieures de civilisation médiévale (université de Poitiers / CNRS) en septembre 2021 sous la direction de Cécile Voyer. La qualité de ses recherches a été remarquée puisqu’elle est lauréate du prix de thèse “L’art et l’essai 2022” de l’Institut national d’histoire de l’art et du Comité des travaux historiques et scientifiques ainsi que du prix Lambert organisé par la Fondation pour la Sauvegarde de l’art français.

Sur quoi a porté votre thèse ?

Au XVe siècle, la littérature religieuse s’intéresse de plus en plus à l’individu, à son rapport personnel à Dieu. Dans ce contexte, j’ai cherché à comprendre si les livres de prières, à travers les décors peints dans ces ouvrages, proposaient une adaptation particulière vers les femmes. A cette époque, dans les pratiques sociales et les représentations générales, il y a une fracture entre les hommes et les femmes où ces dernières sont globalement rejetées. Je m’attendais à retrouver cette fracture et donc une personnalisation vers les femmes mais les choses étaient plus complexes et subtiles que ça.

C’est-à-dire ?

Les livres d’heure (de prière) sont très peu personnalisés en direction des femmes. Par contre, la condition sociale, la famille, l’attachement à un territoire ou à des saints locaux va beaucoup plus impacter les représentations dans ces ouvrages. Une femme noble est avant tout une aristocrate avant d’être une femme. Dans le domaine de la piété, il y a une relative uniformité des pratiques et des discours entre les hommes et les femmes. On est avant tout humain devant Dieu avant d’être des hommes et des femmes. Ces images vont parfois à l’encontre du discours social et des normes en vigueur de l’époque.

Ce travail a été récompensé par deux prix de thèses, une grande reconnaissance ?

Effectivement, c’est une reconnaissance importante de mes recherches et des méthodes un peu novatrice que j’ai pu mettre en place.

Le prix INHA / CTHS « L’Art et l’Essai » vise à reconnaître la recherche actuelle en histoire de l’art et plus précisément les travaux qui permettent de renouveler un regard sur des œuvres anciennes. Grâce à ce prix, ma thèse va être publiée aux éditions INHA / CTHS, des éditions prestigieuses.

Le prix Lambert récompense des travaux qui font connaître le patrimoine français parfois en péril. Pendant ma thèse, j’ai étudié des manuscrits assez anciens et méconnus. J’espère que ce prix pourra contribuer à les mettre en lumière et les faire reconnaitre en tant qu’œuvres d’art.

Quels sont vos projets ?

Actuellement, je suis conférencière pour une structure qui organise des conférences de vulgarisation à destination des personnes âgées en Ehpad ou résidences. J’aimerais continuer mon activité dans la médiation et la vulgarisation scientifique, avoir un contact direct avec différents publics, idéalement tout en continuant à faire de la recherche.

Auriez-vous un conseil pour les doctorants qui travaillent actuellement sur leur thèse ?

Je pense que le plus important est de comprendre que la thèse, c’est un marathon. Le but, c’est d’arriver jusqu’au bout et pour cela il faut développer son endurance et ne pas s’épuiser dès le début. Il y aura des contretemps, des difficultés, des moments de doute mais il ne faut pas lâcher.

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