Julien Verdon est Maître de conférences-HDR (Habilitation à diriger des recherches) au laboratoire Écologie et biologie des interactions (université de Poitiers/ CNRS). Il travaille sur le biocontrôle des Legionella depuis quelques années, mais aussi sur les interactions entre bactéries pathogènes notamment celles impliquées dans la maladie de Lyme depuis 2 ans. Il vient de publier un article remarqué sur la lutte contre la légionellose.

Vous venez de publier un article remarqué sur la lutte contre la légionellose (Bacterial Long-Range Warfare: Aerial Killing of Legionella pneumophila by Pseudomonas fluorescens, in Microbiology Spectrum, American Society of microbiology). De quoi s’agit-il ?

Dans ce travail, nous décrivons pour la première fois la capacité d’une bactérie à détruire à distance une autre bactérie par l’émission de molécules volatiles. La victime est ici Legionella pneumophila, l’agent responsable de la légionellose, une pneumopathie potentiellement mortelle. Elle se trouve principalement dans les systèmes d’eau artificiels et est l’un des agents pathogènes d’origine hydrique les plus surveillés. Nos résultats fournissent de nouvelles perspectives sur le mode d’action des composés volatiles bactériens et les mettent en évidence en tant qu’agents anti-légionelles puissants.

Quelle nouveauté apporte votre travail ?

Les composés volatils microbiens sont des molécules dont l’activité attire de plus en plus l’attention des chercheurs. En effet, ils peuvent agir comme des composés clés dans la communication entre les espèces vivantes, mais aussi comme agents antimicrobiens dans la compétition et la prédation. Nous avons découvert que le 1-undécène, naturellement produit par une bactérie de l’eau, est une substance volatile qui a une activité puissante contre les légionelles. En petite quantité, il est capable d’induire la lyse cellulaire même lorsque la souche productrice est physiquement séparée de la cible. Cette molécule pourrait donc constituer un composé efficace pour lutter contre les pathogènes bactériens, notamment ceux responsables de maladies pulmonaires. En effet, l’inhalation de ces volatiles doit être considérée comme une voie thérapeutique possible en complément d’un traitement antibiotique.

Quelles sont les perspectives ?

À l’heure actuelle, le travail continu sur la caractérisation de composés volatiles produits par les légionelles pour tenter d’identifier des biomarqueurs qui pourraient servir d’outils de diagnostic. Ce travail est mené en étroite collaboration avec des chercheurs du CIRI (Centre international de recherche en infectiologie) basé à Lyon.

Pouvez-vous présenter les chercheurs qui ont travaillé avec vous sur cet article ?

En plus des étudiants dont ma thésarde MH. Corre et des chercheurs du laboratoire EBI, j’ai travaillé avec des chercheurs du CIRI de Lyon, du laboratoire de Microbiologie signaux et microenvironnement de Rouen et de l’Institut de recherche sur la biologie de l’insecte de Tours. L’ensemble des chercheurs m’a aidé sur la construction de souches mutantes et les analyses chromatographiques notamment.

L’article a été publié en août 2021 dans le journal Microbiology Spectrum. Ce journal appartient à la société américaine de microbiologie et fait partie des meilleurs journaux scientifiques spécialisés en microbiologie.

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