Nathalie Thiriet est maître de conférences à l’université de Poitiers depuis 2003. Elle travaille au sein de l’équipe « Neurobiologie et neuropharmacologie de l’addiction » du laboratoire de Neurosciences expérimentales et cliniques - LNEC (université de Poitiers / Inserm). Son projet, portant sur le rôle du cholestérol dans l’addiction, a obtenu un financement de 430 584 € pour une durée de 36 mois par l'IReSP (Institut pour la Recherche en Santé Publique).

Le projet porte sur le rôle du métabolisme du cholestérol cérébral dans l’addiction et dans le phénomène de rechute. En effet, Nathalie Thiriet indique que dans 80% des cas, une personne souffrant d’addiction va reconsommer de la substance même après une période d’abstinence de plusieurs mois voire plusieurs année.

Le cholestérol cérébral différent du cholestérol périphérique

Il est important de noter que le cholestérol périphérique, bien connu pour ses effets cardiovasculaires, est différent du cholestérol cérébral. Notre régime alimentaire impacte assez peu ce qui se passe au niveau du cholestérol cérébral car notre cerveau a son propre mode de synthèse du cholestérol. Le cholestérol cérébral est impliqué dans beaucoup de phénomènes de plasticité. La plasticité désigne le fait que nos réseaux de neurones sont modulables, cela signifie que la communication neuronale peut être augmentée ou diminuée. De tels phénomènes de plasticité participeraient à l’addiction et le cholestérol jouerait donc un rôle dans ces changements de plasticité.

La nouveauté dans ce projet de recherche

Dans la littérature, il y a eu très peu de recherche traitant du métabolisme des lipides en général et du cholestérol en particulier en lien avec le fonctionnement cérébral et l’addiction. Les premières études s’intéressant à ce métabolisme dans le cerveau se sont concentrées sur des pathologies comme les maladies d’Alzheimer ou de Huntington.

L’équipe de Nathalie Thiriet a donc commencé les études sur le sujet en allant regarder si la consommation de substances, en particulier l’alcool et la cocaïne, modulait le métabolisme du cholestérol cérébral et plus particulièrement l’expression de gènes impliqués dans ce métabolisme. A travers des expériences sur des rats, il a été prouvé que des empreintes durables restaient dans le métabolisme du cholestérol après l’administration de drogues et ceci même après une abstinence de 3 semaines.

L’équipe a ensuite utilisé des virus pour surexprimer l’enzyme qui dégrade le cholestérol et ainsi moduler les niveaux de cholestérol dans certaines zones du cerveau. Au bout de 6 semaines, l’équipe a comparé des rats sur-exprimant cette enzyme avec des rats « contrôles » : le résultat a montré que cette expérience réduisait la recherche de drogue et donc le risque de rechute vers une addiction.

A quoi va servir ce financement ?

La somme du financement de 430 000€ sera partagée entre les chercheurs de Poitiers et des collaborateurs de Paris.

A Poitiers, le financement permettra de mener à bien les expériences du projet, qui devraient permettre de mieux comprendre comment en agissant sur le cholestérol cérébral, on peut réduire les risques de rechute, et aussi à vérifier que l’effet bénéfique observé avec la cocaïne, existe aussi avec d’autres drogues comme la nicotine ou l’héroïne. Concrètement, le financement permettra le recrutement d’un post doctorant et d’un ingénieur d’étude, ainsi que l’acquisition du matériel et des produits nécessaires pour réaliser les expériences.

A terme, Nathalie Thiriet espère pouvoir générer des outils pharmacologiques capables de cibler ce métabolisme du cholestérol afin d’aider les gens addicts à ne pas retomber dans l’addiction.

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