Comment est venue l’idée de ce projet de recherche ?
La tendance actuelle est de chercher à limiter les rejets chimiques liés à des traitements biocides en utilisant des composés d’origine biologique qui n’ont que peu ou pas d’impact sur l’environnement et la santé humaine/animale. Cependant, à ce jour, il n’existe pas encore d’alternative de ce type pour le traitement de l’eau et, a fortiori, pour le contrôle des légionelles. Un résultat expérimental laissait penser qu’une bactérie aquatique (Pseudomonas), isolée d’eau douce, était capable de produire un parfum mortel pour les légionelles ! Après plusieurs années de travail à partir de cette observation avec d’autres équipes de recherche, nous avons réussi à décrypter cet effet mortel. Cette bactérie aquatique du genre Pseudomonas est en effet capable de détruire les légionelles en les faisant « exploser » à distance grâce à une molécule volatile.
En quoi est-ce novateur ?
Tout d’abord parce que scientifiquement c’est la première fois qu’un tel effet est mis en évidence. Cela ajoute des connaissances fondamentales sur le comportement des bactéries et notamment sur les interactions entre certains genres et espèces. Ensuite parce que le composé volatil incriminé est particulièrement efficace sur les légionelles et qu’il va nous permettre, après étude en détails de son mode d’action, de trouver une cible et de l’exploiter afin d’avoir un moyen efficace et naturel de biocontrôle de Legionella pneumophila. Enfin, l’étude de l’ensemble des odeurs produites par les bactéries, ce que l’on appelle le volatilome, représente actuellement un champ d’investigation en pleine expansion, car riche de nouveaux composés aux activités multiples, dont antimicrobiennes ce qui, dans le contexte d’antibiorésistance actuel, est appréciable et ouvre de nouvelles perspectives de recherche.
Quelles sont les perspectives associées à ce travail ?
À l’heure actuelle je suis en train de valoriser ce travail par une publication scientifique qui est en cours de correction. Outre les apports à la recherche fondamentale, je viens d’établir une collaboration avec le Pr Sophie Jarraud qui est Praticien Hospitalier — Professeur des Universités à la Faculté de Médecine Lyon Est et qui dirige également le Centre National de Référence des Légionelles. Nous souhaitons cette fois-ci caractériser le parfum des Légionelles et essayer d’identifier des biomarqueurs qui pourraient servir d’outils diagnostic non invasif grâce à leur détection dans l’air expiré par des patients. En effet, le diagnostic précis de la Légionellose est important pour le traitement des patients, mais aussi pour le contrôle des épidémies de Legionella par les responsables de la santé publique. Les kits de détection rapide d’antigènes urinaires tels que les tests immunochromatographiques à flux latéral détectant principalement le type le plus dangereux pour l’Homme sont les tests de diagnostic de première ligne actuellement. Les biomarqueurs volatils ouvrent ainsi la porte à un nouvel outil diagnostique d’utilité publique.
Bactéries Legionella pneumophila normales
Bactéries Legionella pneumophila explosées :