Comment l’idée de faire réaliser des posters scientifiques par des étudiants dans le cadre de leur enseignement d’anglais est-elle née ?
Isabelle Lucet : Je demande à mes étudiants de première année de master Biologie-Santé de créer des posters scientifiques dans le cadre de mon enseignement d’anglais afin de simuler une activité en lien avec leur future vie professionnelle, à savoir la communication scientifique sous forme de « Poster session », tout en anglais bien sûr ! Les posters sont exposés une demi-journée dans le hall du Pôle Biologie Santé et les doctorants et enseignants-chercheurs sont invités à venir échanger (in english!) avec les étudiants, comme dans un authentique congrès avec des chercheurs !
Comment le projet a-t-il évolué vers la vulgarisation scientifique ?
IL : Il y a trois ans, dans le cadre de la nouvelle offre de formation en langues, l’UFR SFA a proposé du co-enseignement « anglais-enseignement disciplinaire » : l’enseignant·e d’anglais et un·e enseignant-chercheur.euse sont ensemble dans la même salle de TD avec les étudiant·e·s et ils co-construisent une forme d’enseignement dans laquelle chacun apporte ses compétences. J’ai donc proposé à mes collègues de Biologie-Santé s’ils souhaitaient travailler avec les étudiants sur les posters.
Grâce au financement de la CVEC (Contribution à la vie étudiante et de campus) pour l’année 2020, mes collègues et moi avons alors eu l’idée de demander aux étudiants de réaliser des posters de vulgarisation scientifique à destination de toute la communauté, car c’est un exercice difficile que les étudiants ont peu l’occasion de pratiquer, alors que vulgariser fait partie intégrante du travail de chercheur. Ce projet a permis de mettre en valeur à la fois le travail de recherche en Biologie-Santé réalisé dans les laboratoires poitevins et le travail des étudiants de master : nous avions organisé une exposition itinérante de posters scientifiques en anglais, qui a été annulée à cause de la crise sanitaire. Mais les posters de la promo 2019-2020 seront exposés à la BU Sciences au début de l’année prochaine !
Qu’est-ce que ce travail vous a apporté ?
IL : Je dirais qu’il donne plus de sens à mon enseignement, car il met la spécialité disciplinaire au cœur des apprentissages, la langue n’étant que vectrice de communication au service de la science. À titre personnel, j’apprends beaucoup de choses, mais aussi et peut-être surtout, je prends beaucoup de plaisir à travailler en binôme avec mes collègues et avec mes étudiants.
Omar Benzakour : Au niveau du master, les articles scientifiques en anglais posent une double difficulté aux étudiants : linguistique et scientifique. Le co-enseignement permet d’aider les étudiants à s’exprimer correctement en anglais aussi bien oralement que par écrit (réalisation de posters). Aussi bien pour l’écrit que pour l’expression orale, le co-enseignement forme les étudiants à donner autant d’importance à l’impératif de respecter les données scientifiques (précision dans les réponses, choix des termes) et à l’exigence de s’exprimer avec clarté dans le respect des règles linguistiques. Enfin, je dois dire que mon expérience de co-enseignement en anglais m’a incité à faire la totalité de mes enseignements de Biologie Cellulaire de master 2 et une partie de deux de master 1, intégralement en anglais.
Laurie Galvan : La création de poster est une compétence importante à acquérir pour nos étudiants. En effet, c’est le moyen n°1 de communication dans les congrès en neurosciences. Même dans leur format actuel, les conférences hébergent des sessions de posters virtuels. Il est important qu’ils se frottent à l’exercice, qui plus est en anglais, qui est la langue des Sciences. Cet exercice permet de montrer aux étudiants que faire de la science c’est une chose et la communiquer, une autre. C’est une compétence qui se travaille et qui s’affine au fil des séances. Le co-enseignement permet de montrer la transversalité des acquis. »
Matthieu Thabault, étudiant en thèse de Neurosciences au Laboratoire LNEC : Je suis un ancien étudiant d’Isabelle lorsque j’étais en master et j’ai pu faire mes premiers pas dans la construction d’un poster dans ses cours d’anglais. En parallèle, nos enseignants nous répétaient chaque semaine que la Science avec un grand S c’est aussi la communication scientifique et qu’il y a toujours un hall dédié aux posters pour échanger sur les travaux de recherche en cours dans chaque congrès ! Mais je crois que ni moi ni mes camarades ne mesurions alors l’importance de savoir le faire.
Pour la petite histoire, j’ai eu l’opportunité de réaliser un poster en premier auteur lors de la dernière édition du congrès de la FENS (Federation of European Neurosciences Societies) en juillet dernier. Je peux avouer sans mentir avoir pensé à Isabelle et son idée de nous faire construire des posters plus d’une fois, tant le simple fait de l’avoir fait une fois de A à Z a été une expérience enrichissante pour mon parcours et le début de ma carrière de chercheur.
Éloïse Van Camp, M2 neurosciences, cursus master en ingénierie Biologie-Santé : La réalisation d’un poster vulgarisé en master 1 portant sur un sujet de recherche effectué par un des laboratoires de recherche de l’université de Poitiers a été pour ma part un projet très constructif et enrichissant qui me servira à l’avenir pour la réalisation d’autres posters.
Ce travail en co-enseignement avec l’anglais a permis de mieux nous former davantage dans cette langue utilisée pour la communication dans le monde scientifique.
De plus, ce travail a permis d’avoir un aperçu concret des travaux actuels menés par l’université de Poitiers : il a vraiment permis de faire un lien entre étudiants et chercheurs, en valorisant la recherche de l’université de Poitiers auprès de tous les étudiants.
Isabelle Lucet, Omar Benzakour, Matthieu Thabault, Laurie Galvan, Éloïse Van Camp, Adji Astou Mbow