Lorsque l’on ne travaille pas dans la recherche, on ne se figure pas forcément ce que c’est de participer à un congrès international, a fortiori quand il s’agit du plus grand évènement organisé dans un domaine de recherche. 11 chercheurs du laboratoire Pharmacologie des anti-infectieux et antibiorésistance - PHAR2 (université de Poitiers / Inserm) ont participé au 32e Congrès européen de microbiologie clinique et des maladies infectieuses à Lisbonne du 23 au 26 avril dernier. A leur retour, ils partagent avec nous leur expérience pour comprendre de l’intérieur l’intérêt de ce genre de rencontre.

Cela faisait 2 ans que ce congrès ne s’était pas tenu en présentiel, pour cause de Covid. Les 11 chercheurs (7 enseignants-chercheurs et 3 doctorants) étaient impatients de se rendre à nouveau au rendez-vous annuel mondial de tous les infectiologues et microbiologistes.

Sandrine Marchand, directrice du laboratoire explique : « en France, peu d’équipes de recherche travaillent sur les mêmes thématiques que notre laboratoire. Nous cherchons à optimiser les schémas posologiques des antibiotiques et à comprendre l’émergence des mécanismes de résistance aux antibiotiques à travers des approches mathématiques intégrant la pharmacocinétique (l’action de votre corps sur le médicament) et la pharmacodynamie (l’action du médicament sur votre corps). Ce congrès nous permet de rencontrer les collègues des principaux laboratoires dans le monde qui travaillent sur ces problématiques. Un passage obligé dans nos recherches ».

Première expérience pour les doctorants et retour au congrès pour les autres chercheurs

Le congrès proposait aux doctorants de suivre des workshops donnés par des experts du domaine et pour celles et ceux qui étaient sélectionné.es, de présenter leurs travaux dans des « sessions jeunes chercheurs ». « C’était notre premier congrès » témoignent Mathilde Lacroix et Romain Aubry, deux des 3 doctorants* présents. « Nous étions un peu stressés à l’idée de présenter notre travail de thèse face à des experts mondiaux. Mais nous nous étions entrainés au laboratoire et cela s’est bien passé ».

La participation des autres membres du laboratoire a pu prendre des formes très diverses. Par exemple, Vincent Aranzana-Climent a donné un cours dans un workshop et modéré une session « jeune chercheur », Sandrine Marchand et Alexia Chauzy ont été invitées à modérer des sessions experts et William Couet, ancien directeur du laboratoire, a fait une présentation orale invitée.

« On revient boostés avec 15 000 idées ! »

Pour nos chercheurs, « participer au congrès, c’est également assister au plus de présentations possibles et rencontrer des gens de différents horizons (collègues chercheurs, industriels, cliniciens…) ». Et l’expérience est intense : 11 000 participants, pendant 4 jours, sur un espace immense de 17 halls et jusqu’à 15 présentations en même temps. « C’est important d’être nombreux pour voir le plus de choses possibles » précise Sandrine Marchand. « On a tous des compétences différentes, chacun va voir les sessions qui l’intéressent, et de retour au laboratoire, on débriefe les informations récoltées, les échanges que l’on a pu avoir,… ». « A chaque participation, on revient boostés avec 15 000 idées qu’il faut un peu canaliser » se félicite la directrice. Julien Buyck, autre chercheur du laboratoire et « fidèle » du congrès depuis une dizaine d’années, précise que ce congrès « a souvent permis de rencontrer les chercheurs avec qui il a par la suite collaboré sur des projets communs ».

Les participants au congrès

Le laboratoire poitevin reconnu à l’international

Les groupes pharmaceutiques se sont désintéressés des anti-infectieux du fait d’un retour sur investissement insuffisant. Pourtant la résistance aux antibiotiques est un véritable problème de santé publique. C’est pourquoi l’Europe a décidé de financer de nombreux projets de recherche qui réunissent chercheurs et industriels du domaine. Dans ce cadre, plusieurs projets impliquant le laboratoire poitevin ont été déposés et pourraient être acceptés prochainement. « Nos recherches portent sur un domaine de niche, mais notre approche innovante nous rend visible à l’international et nous permet de travailler avec de nombreux laboratoires dans le monde. Notre présence renforcée à ce congrès en est l’illustration » conclut Sandrine Marchand.

 

* un 3e doctorant Luc Deroche a fait une présentation orale « flash » lors du congrès.

  • La vie étudiante continue sur les réseaux sociaux !