Tel était le titre de la conférence animée par Jean-Pierre Faure, Professeur des Universités - Praticien Hospitalier à la faculté de Médecine Pharmacie de l'Université de Poitiers, dans le cadre des Amphis du savoir. Car l’obésité est bel et bien une maladie ! Avec 650 millions de personnes obèses dans le monde, elle est devenue un vrai problème de santé publique. Tout en alertant sur sa progression, le praticien a pointé les pistes, notamment chirurgicales pour soigner cette maladie… tout en insistant sur les efforts nécessaires de la part du patient.

Tout juste sorti du bloc opératoire, où il emmènera un auditoire dense et attentif par vidéo interposée quelques minutes plus tard, le Professeur Jean-Pierre Faure dresse un bilan alarmant de l’obésité. Le surpoids, qui concerne 1,9 milliards d’adultes, et l’obésité sont associés à un plus grand nombre de décès que l’insuffisance pondérale. En France, 17 % des adultes sont obèses, contre 13 % à l’échelle mondiale.

2e cause de mortalité en France

L’excès de masse graisseuse résulte d’un déséquilibre entre apports et dépenses. Sa progression est imputée à des changements alimentaires et une sédentarité accrue. Parmi ses origines on recense des prédispositions génétiques, le stress, les médicaments… Les hormones ont aussi leur rôle. « Le dialogue entre le cerveau et le corps est modulé en particulier par la ghréline (qui augmente l’appétit) et la leptine, qui induit la satiété, entraînant parfois des troubles du comportement alimentaire » explique le Professeur.

« L’obésité est une maladie qui peut donner de nombreuses complications » annonce-t-il. Parmi les maladies associées il cite le diabète, l’hypertension artérielle, le cholestérol, les triglycérides, la stéatose hépatique non alcoolique – aussi appelée foie gras -, l’augmentation du risque de cancer… « Le tout s’associe et se cumule » alerte-t-il.

En parallèle de ces risques accrus de maladies associées, la qualité de vie de la personne obèse est fortement altérée : problèmes d’articulation, de peau, reflux gastriques, varices, sans parler de l’image que la société lui renvoie.

Soigner l’obésité, y compris par la chirurgie

L’obésité est une maladie chronique, évoluant par poussées, qui ne guérit pas, et qu’« il faut soigner tout au long de sa vie ». Le Professeur Jean-Pierre Faure met en garde contre les régimes supposés miraculeux dont l’effet est davantage bénéfique pour les finances des industriels que pour les clients. « Certains régimes sont même très dangereux car ils entrainent de grandes carences. »
« De nouveaux traitements existent pour combattre l’obésité, il s’agit de programmes d’éducation thérapeutique » qui aident à gérer son stress autrement que par l’alimentation, à concilier nourriture et gourmandise… « La Villa Santé du CHU est dédiée à la prévention avec notamment des ateliers d’alimentation animés par une diététicienne. » Il poursuit « le but est de rendre service aux gens et parfois il faut en passer par la chirurgie. Toutefois, pour prendre cette décision il faut s’assurer que l’amélioration de la qualité de vie ultérieure sera supérieure au risque de l’opération. » Aussi les patients sont accompagnés un an avant l’opération et bénéficient d’un suivi pluridisciplinaire après. Selon chaque cas particulier, le bypass gastrique, qui consiste à réduire l’estomac et court-circuiter une partie de l’intestin grêle, ou la sleeve gastrectomie, qui consiste à enlever 80 % de l’estomac, est privilégiée. « 15 ans après, on constate encore une perte de 50 % de l’excès de poids. Mais rien n’est jamais acquis et il est important de modifier durablement ses habitudes alimentaires » insiste le Professeur tout en indiquant que « la survie des patients opérés est supérieure à celle des personnes obèses non opérées. » Un réel espoir pour les personnes obèses.

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