Le palais comtal et ducal de Poitiers construit à la fin du XIIe siècle est un monument exceptionnel. Pourtant, très peu de fouilles archéologiques y ont été réalisées. On ne sait pratiquement rien du palais avant le XIVe siècle, de l’occupation du quartier à l’époque altomédiévale (du Ve au Xe siècle) et de ce qui se trouvait à l’emplacement actuel du palais dans l’Antiquité. C’est pourquoi le CESCM (UMR 7302 du CNRS/Université de Poitiers) a entrepris un projet collectif de recherche (PCR*) sur ce site. Nicolas Prouteau, maître de conférences en archéologie médiévale et co-directeur du PCR nous fait visiter le chantier de fouille qu’il dirige.

  • Nicolas Prouteau maître de conférences en archéologie médiévale et co-directeur du PCR nous fait visiter le chantier de fouille (devant la tour Maubergeon)

  • Vue de la tour Maubergeon et du pignon sud de la salle des pas perdus (Cl. GrandPoitiers)

  • Accès au chantier de fouille sous la tour Maubergeon

  • Clément ARMAND, doctorant en archéologie est responsable du secteur citerne.

  • Madeleine Thiébaut, étudiante en L2 histoire de l’art et archéologie.

  • Des étudiants et doctorants (Héloïse Dupin, Henrique Sarmento Pedro et Hugo Thomas) réalisent un relevé pierre à pierre. Ils dessinent sur un plan l’ensemble des pierres et notent tous les détails, les aménagements et les transformations… Un exemple du travail quotidien des archéologues.

  • Fouille archéologique et étude du bâti dans le sous-sol de la tour Maubergeon.

  • Tous les objets et éléments retrouvés dans les sédiments (céramique, verre, métal, restes et micro-restes animaux, etc…) sont préservés dans des minigrips et inventoriés par couche archéologique.

Comprendre la vie quotidienne et l’évolution du site tout au long de son histoire

Depuis le 17 août et jusqu’au 25 septembre prochain, un premier chantier a débuté au palais avec pour mission d’étudier la tour Maubergeon (XIVe siècle), le corps de logis qui lui est adossé et la salle de la citerne à l’intérieur du corps de logis. Mais d’autres secteurs seront également fouillés pendant les 3 ans que dure le projet.

Nicolas Prouteau : « Nous réalisons des fouilles archéologiques au niveau des sous-sols de ces bâtiments car ils nous renseignent sur les activités qui y étaient menées. L’objectif est de renseigner et de comprendre la vie quotidienne de ce site. Nous nous intéressons également au bâti. En étudiant la structure et la composition des murs, nous dressons une chrono-typologie du bâtiment. Nous cherchons à identifier comment le bâtiment a été construit et les transformations qu’il a subies au fil du temps.  Le palais est construit sur la muraille romaine et installé dans un quartier important de la ville antique qui s’est transformée à l’époque médiévale puis à la fin du Moyen Âge et à nouveau à l’époque moderne ».

Un chantier école

Ce chantier de fouille est également un « chantier école ». 12 étudiants en archéologie à l’université de Poitiers, de la 2e année de licence au doctorat, viennent se former et perfectionner leurs techniques de fouille sur le terrain. Pour des raisons liées au contexte sanitaire, les effectifs ont cependant été réduits cette année.

Marie-Amelie Lamy, étudiante en 3e année de licence histoire de l’art et archéologie réalise son stage sur le site : « Ce chantier est vraiment une opportunité pour moi. On apprend concrètement comment se réalisent les fouilles sur le terrain. J’expérimente les différentes techniques, j’apprends les gestes à la fois sur le bâti et au niveau des couches sédimentaires ».

Clément Armand, doctorant en archéologie médiévale au Cescm est responsable du secteur citerne : « On cherche ici à comprendre le lien entre cette citerne et les espaces communs qui se trouvent à proximité, notamment avec la salle sous le corps de logis qui a peut-être été une cuisine. Ce qui laisserait penser que la citerne alimentait cette cuisine en eau ».

Des étudiants et doctorants (Héloïse Dupin, Henrique Sarmento Pedro et Hugo Thomas) réalisent un relevé pierre à pierre. Ils dessinent sur un plan l’ensemble des pierres et notent tous les détails, les aménagements et les transformations… Un exemple du travail quotidien des archéologues.

Les premiers résultats

Nicolas Prouteau : « Nos recherches dans le sous-sol de la tour Maubergeon indiquent qu’il pourrait s’agir d’un espace dédié au stockage et à la cuisine à l’époque médiévale, peut-être même des activités artisanales. Nous avons retrouvé un lot important de céramiques et de restes d’animaux dans les sédiments ainsi qu’une niche dans laquelle a été aménagée une cheminée. Dans le secteur de la citerne, on a retrouvé un accès (linteau de porte) qui a été comblé et qui permettait peut-être d’accéder de la citerne au corps de logis. Mais il faudra dégager cet accès pour le découvrir ».

« Nous avons identifié au moins 3 ou 4 phases de constructions différentes dans le sous-sol de la tour. Nous avons notamment identifié les vestiges d’une première tour sans doute construite entre le XIe et le XIIIe siècle. Cette découverte est très intéressante car jusqu’à présent nous n’avions pas de réels indices sur l’existence d’une tour plus ancienne que celle construite par Jean de Berry à la fin du XIVe siècle ».

 * Le PCR est placé sous la direction de Nicolas Prouteau, maître de conférences en archéologie médiévale et Claude Andrault-Schmitt, professeure émérite en histoire de l’architecture médiévale en partenariat avec la DRAC Nouvelle-Aquitaine site de Poitiers et la Ville de Poitiers. Il réunit près d’une quinzaine de chercheurs et doctorants médiévistes du Cescm. Il intègre également des spécialistes de l’Antiquité (HeRMA- EA 3811 Université de Poitiers) et de la période moderne et contemporaine (Criham- EA 4270 Universités de Poitiers et Limoges).

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