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Par volonté de ne pas m’enfermer dans une seule discipline, j’ai suivi une double formation en littérature anglaise et en histoire de l’art. Ma thèse, qui portait sur le romancier anglais Thomas Hardy, tentait de croiser ces deux approches en essayant de démonter les stratégies verbales qui suggèrent à travers l’écriture du roman une forme de « visibilité », et qui construisent le regard dans le texte, en ancrant fermement la littérature parmi les autres arts « visuels » : peinture, sculpture, architecture, et jusqu’aux arts décoratifs.
Les textes qui m’intéressent sont ceux de la fin du XIX° siècle, que je lis comme un moment majeur de transition vers la modernité ; et mon approche me permet de les lire à la fois pour eux-mêmes, dans le détail le plus fin d’une écriture, et de manière transversale (croisant littérature et histoire, littérature et art, littérature et histoire des arts, ou encore histoire des idées), pour tenter d’appréhender à travers eux tout le contexte général d’une culture, dont nous avons retenu les traits et les acteurs les plus saillants, mais avons oublié tout le reste du tissu social, créatif et intellectuel.
Cette approche interdisciplinaire, dans le sillage du courant anglo-saxon des « Cultural studies », est aussi une approche interculturelle : car la Grande-Bretagne de la fin du XIX° siècle est une puissance impériale majeure, et c’est donc au sein de tout le domaine colonial que s’effectuent les brassages d’idées, tout comme de biens matériels. En tentant par ailleurs, parallèlement à mes études littéraires, de retracer les grands moments et la logique à l’œuvre dans la constitution des collections d’art islamique en Angleterre, j’essaye de saisir les mécanismes complexes d’échanges culturels caractéristiques de ce grand moment « orientaliste » : comme l’ont montré les études « postcoloniales » anglo-saxonnes, la fascination pour l’Orient dans la seconde moitié du XIX° siècle mêlait des intérêts économiques à la projection plus ou moins fantasmatique de préjugés impérialistes sur la figure de l’étranger – des mécanismes à la fois intellectuels et politiques qui nous aident aussi à penser la société multiculturelle de notre temps.
Isabelle GADOIN
Professeur
Laboratoire Formes et représentations en linguistique et littérature (FORELL) ; Université de Poitiers