Derrière l’image populaire que le sport c’est la santé se cache une réalité insoupçonnée avec une sémantique, une physiologie, une mécanique et des règles précises et complexes. L’autonomie et le bien vivre, sont des enjeux incontournables que l’Université de Poitiers met au cœur de ses recherches.

Alain Ferrand

La contribution des chercheurs de l’équipe « Management Public et Société » du Centre de Recherche en Gestion (CEREGE EA 1722) à la recherche plurielle : Autonomie, sport, santé s’effectue à partir de deux axes.

Alain FERRAND

1. Management des parties prenantes et action publique
Cet axe s’intéresse à l’inscription des organisations publiques au sein de la société. Une recherche analyse le processus de construction d’une politique sportive au sein d’une fédération en considérant les interactions entre les acteurs du secteur associatif et de l’état. A l’instar des politiques publiques, une politique sportive fédérale relève d’un dispositif de gestion. Celui-ci est appréhendé en tant que construction sociale comportant quatre phases successives: problématisation, intéressement, enrôlement et mobilisation des alliés. Un deuxième terrain de recherche concerne le sport en entreprise. Il s’agit d’analyser les  leviers et les freins d’un dispositif sport, santé, bien-être au travail. Cette recherche s’effectue avec les entreprises du site du Futuroscope notamment celle de l’association « les entreprises du futur ».

2. L’évaluation et pilotage de la performance des politiques publiques sport santé
Depuis le début des années 1980, le management des organisations publiques a été profondément transformé. Motivé par la recherche d’une meilleure gestion des deniers publics et l’accroissement de la performance des organisations publiques, ce mouvement de réforme d’ampleur internationale, a conduit à l’accélération de la transposition dans le secteur public des pratiques et des outils du secteur privé. Sur le plan culturel comme sur le plan technique, un tel changement nécessite un accompagnement de l’ensemble des acteurs impliqués pour produire les effets escomptés en termes d’évaluation de la performance.
Cela a incité les chercheurs du CEREGE en collaboration avec l’équipe du Centre de Droit et d’Economie du Sport (équipe de l’OMIJ EA 3177) de l’université de Limoges à réfléchir sur la question des méthodes d’évaluation de la performance des politiques publiques. Cela conduit notamment à analyser la question des modalités de mise en œuvre du calcul coût/bénéfice. Quels types d’indicateurs peut-on mobiliser entre des indicateurs quantitatifs ou qualitatifs, monétaires ou non monétaires ? Peut-on retenir des approches déclaratives pour mesurer la santé et le bien-être ?

Un autre programme de recherche s’appuie sur l’observatoire du sport français développé en partenariat avec d’autres composantes de l’Université de Poitiers. Ce dispositif intègre des données issues notamment de l’INSEE, du Ministère en charge des sports, du CNOSF, de l’URSSAF, des ligues professionnelles,… Cette base de données relationnelles intègre près de 100.000 données sur 40 indicateurs. L’utilisation d’outils Web, d’analyse spatiale des données et de gestion technique de la base de données dans une logique « Big data » permet d’apporter aux décideurs aux niveaux national, régional et départemental des éléments concernant le rapport entre sport et santé, le pouvoir d’achat, l’urbanisation, la féminisation, le handicap, les équipements, la démographie, le vieillissement,… Par ailleurs, un modèle d’analyse de la performance  des politiques sportives et notamment des politiques sport santé est en cours de construction. Cela permettra d’apporter une réponse opérationnelle tant au niveau de l’évaluation de la performance que du pilotage des politiques publiques sport santé.

Carina Enea

Mon activité de recherche, qui s’intéresse aux effets bénéfiques de l’activité physique sur l’organisme, s’inscrit pleinement dans la logique du laboratoire MOVE et plus globalement dans celle du Pôle Autonomie Sport Santé (PASS) de l’Université de Poitiers.

Carina ENEA

Même s’il est aujourd’hui bien connu que l’activité physique joue un rôle clé dans la prévention et le traitement de nombreuses pathologies, les mécanismes physiologiques à l’origine de ces effets sont encore mal connus. Un des axes de recherche développé par le laboratoire MOVE concerne les adaptations positives du système cardiovasculaire à l’exercice et leur implication dans le maintien de certaines fonctions cognitives. Nous savons par exemple que la rigidification prématurée des gros troncs artériels que l’on observe en cas d’inactivité physique et/ou de comportement sédentaire augmente de façon significative le risque de développer des pathologies cérébrovasculaires (accident vasculaire cérébral, démence, dépression…).

Au sein de cet axe de recherche, je m’intéresse plus particulièrement à certains facteurs susceptibles de moduler ces adaptations à l’exercice tels que l’âge, le genre, certaines pathologies… Les femmes sont un sujet d’étude que j’affectionne tout particulièrement, d’une part parce que nous manquons cruellement d’information sur cette population et d’autre part parce qu’au cours de leur vie, les femmes font l’objet de bouleversements hormonaux qui peuvent parfois être lourds de conséquences sur le fonctionnement du système cardiovasculaire. On a longtemps considéré que les femmes étaient protégées des maladies cardiovasculaires alors que ces dernières représentent la première cause de mortalité féminine après 55 ans !
Certains de mes travaux de recherche ont donc pour objectif de mieux comprendre les effets des variations en hormones sexuelles endogènes (liées au cycle ovarien, à la grossesse, à la ménopause…) ainsi que ceux de la prise d’hormones exogènes (contraceptif oraux, traitements hormonaux substitutifs…) sur certains marqueurs de santé cardiovasculaire tels que la rigidité artérielle, la variabilité de la pression artérielle, la fonction endothéliale, etc… La visée finale de ces expérimentations est de déterminer les modalités d’exercice qui permettraient aux femmes de préserver au mieux leur santé cardiovasculaire et ce, tout au long des différentes étapes de leur vie.

Lucette Toussaint

Les effets de l’exercice sur le développement des représentations sensorimotrices et l’amélioration de la performance qui en découle sont actuellement bien connus. En revanche, très peu de données scientifiques alimentent nos connaissances sur les répercussions comportementales relatives à la privation d’exercice.

Lucette TOUSSAINT

Les progrès en neuroimagerie ont permis toutefois d’observer, de façon consensuelle, la réduction de la cartographie cérébrale correspondant à l’immobilisation d’un membre, de même qu’une activité corticale moindre (Huber et al., 2006; Liepert et al., 1995; Lundbye-Jensen & Nielsen, 2008; Zanette et al., 2004). Il semblerait donc que la privation d’exercice produise des effets inverses à ceux observés suite à une pratique motrice plus ou moins intensive. Qu’en est-il au niveau comportemental ?

Récemment, les travaux réalisés chez le jeune adulte au sein du CERCA (UMR 7295, Université de Poitiers) ont montré l’efficience moindre des processus sensorimoteurs après seulement 48 h d’immobilisation (Toussaint & Meugnot, 2013). L’impact d’une immobilisation de courte durée n’est pas encore connu chez les seniors. Or, les risques liés à l’efficience moindre des processus sensorimoteurs dans la régulation des gestes ne sont pas sans conséquence, les maladresses pouvant être à l’origine d’accidents plus ou moins graves pouvant remettre en cause l’autonomie des personnes âgées. Par conséquent, ce projet vise à poursuivre les travaux entrepris récemment au sein du CERCA sur les effets de l’immobilisation de courte durée sur le fonctionnement du système nerveux central auprès de populations variées, en s’intéressant ici plus spécifiquement aux seniors.

Les principaux objectifs sont les suivants :
1) évaluer les effets de la privation d’exercice (immobilisation d’un membre, alitement, etc) sur le fonctionnement des processus sensorimoteurs des seniors,
2) réfléchir sur les moyens possibles pour pallier aux « déficiences » sensorimotrices accompagnant la privation temporaire d’exercices physiques,
3) proposer des solutions concrètes pour éviter les conséquences néfastes de la privation temporaire d’exercice chez les seniors, le cas échéant, et les aider à préserver au maximum leur autonomie.

Marion Haza

Le laboratoire EA4050 composante CAPS, Clinique de l’Acte et Psychosexualité comprend 2 axes de recherche :

Marion HAZA

AXE 1 : Psychopathologie du corporel : cliniques actuelles

  • Le corporel dans le champ médical.
  • Mise en scène corporelle.
  • Dispositifs techniques et appareillage corporel.

AXE 2 : Psychopathologie, droit, liens et subjectivité

  • Etude clinique des liens de filiation, de parenté et de leurs transformations contemporaines.
  • La subjectivation de la violence envers soi et envers l’autre et ses impasses en criminologie et victimologie.
  • Subjectivation en contexte judiciaire, pénitentiaire et de soins contraints.

La Composante CAPS promeut la référence à la psychanalyse, à sa théorie et à sa clinique, avec le souci de la confronter à des approches distinctes mais complémentaires des Sciences Humaines. Les recherches dans le cadre de la thématique « Autonomie, Sport, Santé » s’inscrivent dans l’Axe 1, notamment avec des projets de recherche concernant psychisme, psychopathologie, sport et handicap ; subjectivité et sport sur ordonnance ; subjectivité et avancées médicales de réparation.

Pour exemple de projet porté par Marion Haza : L’arrivée massive des nouvelles technologies, des nanotechnologies et l’avancée médicale actuelle permet de proposer de nouvelles formes de soins aux personnes handicapées, de naissance ou suite à un accident ou une maladie. Même si l’outil technique ou technologique permet la réparation, l’adhésion du sujet n’est pas toujours acquise. En effet, de tels soins engagent l’identité profonde du sujet et le rapport à ses propres représentations corporelles. Ses réactions seront étudiées en fonction de l’étape de son développement : enfant, adolescent, personnes âgées.
L’objectif  principal consiste à étudier, d’un point de vue psychologique, l’appropriation de ces outils par les sujets concernés :

  • L’enfant qui naît avec un handicap développe son identité et son schéma corporel à partir de ces données précoces. L’accès à une réparation dans le plus jeune âge doit s’intégrer à une identité psychocorporelle en pleine évolution.
  • L’adolescent, soumis aux transformations corporelles malgré le handicap, déploie ses capacités de création à partir d’outils mis à sa disposition par la science médicale, en détournant les objets de leur usage premier, dans un processus de reprise de contrôle et de subjectivation.
  • La personne âgée, qui perd une fonction liée au vieillissement fait face à des technologies qui peuvent la dépasser, et qui permettent l’amélioration de ces capacités.

L’acceptation ou le rejet de ces possibilités de soin et / ou de réparation sont à mettre en lien avec l’histoire et le fonctionnement psychique des sujets.

Stéphane Sebille

« Faire du sport est bon pour le cœur !!! ». Qui n’a pas déjà entendu cette formule dans son entourage ? Mais comment une activité physique peut nous permettre non seulement d’améliorer nos capacités cardiaques mais même également nous « soigner » de problèmes cardiovasculaires ? Quelle activité devons-nous pratiquer et à quelle intensité, pour obtenir cet effet bénéfique ?

Stéphane SEBILLE

Cet ensemble de questions fait partie de notre problématique de recherche. En complémentarité d’études réalisées sur l’homme au sein du Laboratoire Mobilité, vieillissement, exercice (MOVE) de la Faculté de Sciences du Sport, notre approche au Laboratoire Signalisation et transports ioniques membranaires (STIM) de la Faculté des Sciences Fondamentales et Appliqués, se fait sur l’animal.

Ainsi il nous est possible de «coacher» des rats afin qu’ils courent sur un tapis roulant selon un programme d’entrainement spécifique. Il est choisi de les entrainer selon plusieurs programmes soit de fond (exercices continus) soit plus fractionnés (exercices intermittents à haute intensité). Dans nos derniers protocoles, des rats souffrant d’hypertension ont été choisis sachant que cette maladie est source d’atteintes cardiaques chez l’homme et chez l’animal. Ensuite nous procédons à une exploration approfondie du cœur dans sa globalité et des cellules qui le composent et qui lui permettent de battre. Nous constatons alors que cette activité physique a un effet flagrant sur les propriétés cardiaques de ces animaux à la fois sportifs et malades, modifiant à la fois les capacités de l’organe et induisant de profondes modifications dans les processus physiologiques des cellules elle-même.

Ces études rejoignent celles réalisées sur l’homme montrant que certains types d’exercices plutôt intermittents ont un effet bénéfique général sur la santé de personnes souffrant de troubles cardiaques. Elles nous permettent également de comprendre finement les mécanismes physiologiques induits par l’activité physique au niveau cardiovasculaire mais aussi au niveau musculaire, nerveux et sur le métabolisme, par le biais de nos collaborations avec d’autres laboratoires en France (Bordeaux, Paris) et au Canada.

Samy HADJADJ


Professeur- Praticien hospitalier
Centre d’investigation clinique plurithématique (CIC); Centre hospitalier universitaire de Poitiers