Ce colloque international de sciences humaines et sociales organisé par des doctorantes et des doctorants du laboratoire GRESCO (université de Poitiers, université de Limoges) invite à une réflexion sur les constructions sociales des mémoires individuelles et collectives. Ouvert à toutes et tous sur inscription.

Questions aux doctorantes et des doctorants du laboratoire Gresco.

Quel est l’objet de votre colloque et quels sont les enjeux de votre discipline ?

Ce colloque international invite à une réflexion sur les constructions sociales des mémoires individuelles et collectives. Ici, la notion de « mémoire » est à prendre dans son sens polysémique : ce n’est pas nous qui en bornons une définition. Il s’agit autant d’une multiplicité de pratiques mémorielles (généalogie, sauvegarde de photos en ligne, etc.) que des modalités de (re)construction de la mémoire nationale ou ouvrière. L’objectif de ce colloque n’est donc pas d’interroger une fois de plus la multiplicité des notions de mémoire ou les controverses qu’elle cristallise, mais plutôt d’user de sa polysémie pour interroger ses modes d’appropriation et de construction, à la lumière des sciences humaines et sociales. La première journée abordera une variété de thématiques liées aux pratiques mémorielles et proposera une réflexion sur les enjeux éthiques et épistémologiques du traitement mémoriel. La deuxième journée cherchera davantage à éclairer l’articulation entre silences, oublis et mémoires. Une exposition, une table-ronde et une projection-débat se tiendront également durant ces deux jours, ouverts par deux conférences inaugurales.

Quelle originalité scientifique attendez-vous de ces rencontres ?

Le caractère interdisciplinaire et international constitue sans doute une des originalités scientifiques de ces rencontres. Il ne s’agissait pas, ici, d’utiliser l’interdisciplinarité comme une fin en soi mais de montrer comment des passerelles s’ouvrent entre des travaux qui peuvent sembler au premier abord éloignés, et questionner par exemple le lien entre la pratique de la généalogie et la patrimonialisation d’une usine sidérurgique.

Nous avons également eu à cœur de créer des espaces de discussions accessibles au public. Cela se traduira par la projection-débat d’un court métrage sur l’enjeu des programmes scolaires dans la construction de la mémoire nationale.

Un second espace de dialogue prendra place autour d’une exposition et d’une table ronde qui portera sur la sauvegarde des mémoires ouvrières 50 ans après les premiers épisodes de désindustrialisation. Ce dialogue prendra place entre des représentants d’associations citoyennes et syndicales mais aussi avec les archives départementales et un historien.

Pour illustrer plus concrètement ce colloque, pouvez-vous sélectionner une ou deux conférences ou contributions qui suscitent une attente particulière et pourquoi ?

Outre les conférences plénières (assurées pour l’une par une sociologue, pour l’autre par une psychologue) auxquelles nous invitons vivement le public, nous avons tenu à faire entendre des contributions sur les attentats, qui renvoient à des enjeux de société actuels.

Une session portant spécifiquement sur les attentats et les radicalismes interroge les prises en charge de la mémoire d’évènements violents. Cette session permettra de comparer deux contextes européens. La première présentation portera sur les pratiques d’accompagnement au sein du réseau de prise en charge des extrémismes et des radicalismes violents dans la Fédération Wallonie – Bruxelles (Belgique). Elle sera suivie par une seconde présentation qui portera quant à elle sur les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et proposera une sociologie de la pratique du témoignage de victimes.

En outre le colloque, en interrogeant la mémoire dans une perspective de réflexion éthique et méthodologique, offre un espace de discussion sur les pratiques de recherche en sciences sociales, leurs effets sur nous et les personnes que nous rencontrons dans le cadre de nos recherches.

Dans quelle mesure ce colloque s’inscrit-il dans les travaux de votre laboratoire ?

Le GRESCO est un laboratoire de sociologie résolument généraliste. La polysémie qui caractérise la mémoire et la façon dont nous avons souhaité concevoir le colloque souligne l’intérêt de faire coopérer des chercheurs et des chercheuses qui travaillent sur des objets qui semblant a priori éloignés. C’est une force puisqu’il y a un intérêt heuristique très fort à décloisonner non seulement les disciplines mais aussi, et surtout, les sous-champs disciplinaires. Ces derniers peuvent en effet paraître encore plus distants que deux disciplines différentes.

Qu’est-ce que l’organisation de ce colloque vous a apporté ou vous a permis de découvrir ?

L’organisation d’un colloque une sorte de « tradition » en place depuis un moment au sein de notre laboratoire et que nous avons voulu perpétuer. Comme nous nous y attendions, c’est très formateur. Pour la plupart d’entre nous, c’est la première fois que nous travaillons en équipe sur un projet aussi ambitieux. Et ce n’est pas chose aisée ! Il y a un calendrier administratif à respecter, des demandes de subvention à effectuer – subventions qui par ailleurs semblent se tarir d’années en années ce qui complique énormément l’organisation… – nos recherches individuelles à mener parallèlement, etc. Mais c’est aussi une expérience qui renforce des liens d’équipe et qui nous rappelle que la recherche n’est jamais quelque chose de totalement individuel.

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