Composé du verbe « voir » à l’impératif deuxième personne suivi de l’adverbe déictique « là », le terme, d’abord orthographié « vela », apparaît dans les usages autour du 14e siècle. Quand nous cherchons la définition du mot « voilà » dans le Larousse, nous obtenons la proposition suivante :
Marque dans une phrase la conclusion, la constatation (souvent précédé de et) : Et voilà, c'est ainsi que l'affaire s'est terminée.
Gilles Col, professeur de linguistique cognitive à l’université de Poitiers et chercheur au laboratoire FoReLLIS, nous éclaire sur ce petit mot du quotidien.
Pourquoi et comment employons-nous autant ce terme passe-partout ?
Voilà en début de phrase. Voilà en milieu de phrase. Voilà en guise de point final. Nous l’utilisons à toutes les sauces et de manière récurrente. Il sert à structurer le dialogue et le discours en découpant des paquets d’informations et en les rendant visibles.
Omniprésent dans nos bavardages, « voilà » s’est répandu car il est très utile à la communication : il nous rassure du vide et des silences qui s’installent dans les discussions. Pendant une présentation orale par exemple, il aide à indiquer aux auditeurs où on en est dans le flux du discours. Quand nous parlons avec quelqu’un, il sert à aider l’interlocuteur à naviguer dans le dialogue.
Quelle méthodologie a été utilisée pour évaluer ce tic de langage ?
Les chercheurs de l’équipe DisCo (Discours et Cognition) ont étudié « voilà » dans des corpus composés de textes littéraires, de textes de presse et de dialogue (oral). Ils l’ont comparé à d’autres moyens de communication comme le regard ou les gestes, mais aussi à des mots proches dans d’autres langues comme l’espagnol « claro ».
Les chercheurs de DisCo ont aussi effectué des expérimentations pour observer quand « voilà » était produit. Gille Col nous décrit une de ces expériences :
« Non mais oui », « y’a pas de soucis », « ok », « du coup », « grave », « genre », « en même temps », c’est clair »… Ces mots générationnels aussi toquants que tiquants nous rendent complètement toqués. Pourquoi se répandent-ils autant ? Voici une question qui reste encore à creuser.
Voilà. C’est clair ? Y’a pas de soucis ? Alors, bon courage ! A plus ! Et bonne fin de journée !
Informations complémentaires
Polysémie, usages et fonctions de « voilà » (Site web de l’éditeur)
Gilles Col, Charlotte Danino et Stéphane Bikialo
Gilles Col est professeur de linguistique cognitive à l’université de Poitiers (en photo sur cet article).
Charlotte Danino est maître de conférences de linguistique anglaise à l’université Sorbonne Nouvelle – Paris 3.
Stéphane Bikialo est professeur de langue et littérature françaises XXe-XXIe siècles à l’université de Poitiers.