La Maison des sciences de l’homme et de la société de l’université de Poitiers, le CNRS et l’entreprise coopérative Ellyx, avec le soutien de l’Agence nationale de la recherche (ANR) ont inauguré en 2020 le projet Destins (Dynamique des entreprises, de la société, et des territoires vers l’innovation sociale), premier laboratoire commun dédié à l’innovation sociale en France. L’ambition de ce LabCom est d’apporter un regard nouveau sur la fabrique de l’intérêt général à partir de l’analyse des dynamiques d’innovation.

Les laboratoires communs – LabCom – associent les acteurs de la recherche publique et des PME ou ETI (entreprises de taille intermédiaire), dans le but de positionner les savoirs scientifiques comme support des projets d’innovation. Le développement de tels laboratoires communs s’inscrit dans la stratégie de l’université de Poitiers de structurer les partenariats d’innovation avec les entreprises.
Financé par l’Agence nationale de la recherche à hauteur de 300 000 euros, ce LabCom est le fruit d’un partenariat entre la Maison des sciences de l’homme et la société coopérative Ellyx.

Il mobilise des chercheurs issus de quatre équipes de recherche de l’université de Poitiers :

• Ruralités : Rural urbain acteurs liens territoires environnement sociétés
• Cecoji : Centre d’études et de Coopération juridique interdisciplinaire
• Crief : Centre de recherche sur l’intégration économique et financière
• Cerege : Centre de recherche en gestion

L’objectif est de permettre l’émergence de projets, de politiques publiques ou encore de services en capacité de répondre plus fortement aux enjeux sociaux, économiques et environnementaux du XXIe siècle. Pour la coopérative Ellyx et la MSHS, il s’agit de produire des outils, méthodes et des interventions nouvelles, nécessaires à l’émergence de dynamiques de coopérations structurantes. Comme l’indique Meri Reale, gérante de la Scop Ellyx : « les besoins de changements sont énormes dans notre société : tensions sociales, disparités économiques, enjeux écologiques…

Ce n’est qu’à partir d’une pleine coopération et d’une démarche d’engagement entre acteurs publics, collectivités territoriales, entreprises et recherche que l’on peut imaginer construire des réponses appropriées. Pour cela, il faut imaginer de nouveaux cadres juridiques et politiques de coopérations, structurer des méthodes favorisant la résilience de territoires et d’organisations, construire de nouveaux référentiels sur ce qu’est l’intérêt général ».

Le Laboratoire Commun DESTINS s’inscrit pour cela dans une approche renouvelée de l’innovation sociale, qui consiste généralement à élaborer des réponses nouvelles à des défis et besoins sociaux nouveaux ou mal satisfaits, et s’incarnant au travers d’un produit ou service, d’un mode d’organisation, de distribution ou d’une politique publique dans des domaines comme le vieillissement, la petite enfance, le logement, la santé, la lutte contre la pauvreté, l’exclusion, les discriminations, etc.

« Contrairement à ce que l’on peut parfois penser, l’innovation technologique n’est pas la seule réponse à apporter. Pour qu’il y ait véritablement transformation, il faut de l’innovation sociale. D’ailleurs certaines technologies ont été des échecs parce qu’elles n’étaient pas accompagnées socialement. La technologie seule ne peut pas résoudre le défi du vieillissement de la population ou de la dépendance par exemple. », explique Dominique Royoux, chercheur à la MSHS de Poitiers et co-directeur du laboratoire commun Destins. Meri Reale continue : « Dans notre programme, il s’agit de concevoir l’innovation sociale comme le produit d’une dynamique qui articule diverses innovations : sur les questions liées à la résolution du chômage, à la transition écologique, aux inégalités par exemple, il est nécessaire d’anticiper la convergence des solutions économiques, sociales, juridiques, politiques, techniques qui se fabriquent sur les territoires et au niveau national : chaque initiative « isolée », est en réalité vouée à l’échec, si elle ne dispose pas d’un écosystème accompagnant son déploiement.» D’où l’enjeu crucial de la coopération, notion sur laquelle est revenu Eloi Laurent, chercheur à l’OFCE, professeur à Sciences Po Paris et à Stanford, qui a présenté à l’occasion de cette inauguration une conférence intitulée « coopération et confiance au 21ème siècle ».

« Notre objectif est d’établir un véritable guide méthodologique de décryptage des phénomènes émergents dans la société française, grâce à une approche interdisciplinaire qui associe des chercheurs en économie, en géographie humaine, en gestion et en sciences juridiques », indique Dominique Royoux, chercheur à la MSHS de Poitiers et co-directeur du laboratoire commun Destins.
Le laboratoire travaillera sur quatre thématiques : la transition écologique, les questions de dépendance et d’isolement, les nouveaux modes d’apprentissage et les usages partagés.
Plusieurs créations d’emplois de chercheurs et d’innovateurs sociaux sont prévus dans ce cadre au sein de la MSHS et de la Scop Ellyx.

Les résultats issus des travaux du laboratoire commun prendront la forme de nouvelles méthodes d’enquête et d’analyse, d’outils juridiques et économiques, de dispositifs d’appui aux politiques publiques et de formations innovantes qui pourront s’intégrer dans les cursus universitaires en sciences sociales.