Des chercheurs du Laboratoire de neurosciences expérimentales et cliniques (Université de Poitiers – Inserm) et du Centre de recherches sur la cognition et l’apprentissage (Université de Poitiers – CNRS), en collaboration avec le CHU de Poitiers, le centre Hospitalier Henri Laborit de Poitiers et avec des chercheurs américains et belges, ont développé un test comportemental pour améliorer le dépistage de l’addiction au tabac et permettre ainsi une meilleure prise en charge des patients.

Le trouble lié à l’usage du tabac (TUD) est la principale cause évitable de morbidité et de mortalité dans le monde. Au cours des dernières décennies, les campagnes de prévention ont été efficaces pour sensibiliser la population générale aux risques associés au tabagisme, contribuant ainsi à réduire la prévalence du TUD. Cependant, avec l’augmentation de la population mondiale, le nombre total de fumeurs a augmenté et le TUD est estimé causer plus de 7 millions de décès par an. Étudier les facteurs qui incitent à l’usage du tabac peut fournir une compréhension plus approfondie des mécanismes sous-jacents au TUD et aider les soignants à améliorer les efforts d’intervention et de prévention pour ce trouble, qui demeure difficile à traiter et présente une forte prévalence de rechute.

 

L’équipe de chercheurs du Laboratoire de neurosciences expérimentales et cliniques (Université de Poitiers – Inserm) et du Centre de recherches sur la cognition et l’apprentissage (Université de Poitiers – CNRS) a récemment élaboré un test pour mieux appréhender les mécanismes psychologiques et le degré d’addiction des patients souhaitant arrêter de fumer afin de proposer les solutions les plus adaptées.

 

Prendre en compte les indices environnementaux

La plupart des mesures actuelles du TUD reposent sur des questionnaires d’auto-évaluation de la consommation, de la dépendance et de l’envie de fumer par les fumeurs, et ne prennent donc pas en compte le rôle des indices environnementaux associés à la drogue, comme les images ou odeurs de tabac, dans la recherche de la substance. Pourtant, l’usage du tabac dépend fortement d’envies de consommer (« craving ») générées par l’environnement. L’équipe de chercheurs a donc développé un test comportemental permettant d’appréhender les réactions des patients confrontés à ces indices environnementaux.

 

Dans ce test, quatre tas de cartes retournées sont présentés simultanément sur un écran d’ordinateur. Les participants doivent cliquer sur une image retournée afin de la faire apparaître. Certaines images sont neutres, certaines connotées positivement (des enfants qui rient, par exemple), d’autres sont connotées négativement (une personne seule qui pleure, par exemple), et certaines sont liées au tabac (des personnes fumant devant un bar, par exemple). Sans leur donner de raison particulière ou incitative, il est demandé aux participants de choisir les images qui leur semblent les plus attirantes. Les résultats montrent objectivement qu’ils ont tendance à rechercher davantage les images liées au tabac par rapport aux non-fumeurs, même s’ils n’ont pas ou peu conscience de ce comportement. De plus, ces décisions biaisées sont fortement influencées par le niveau subjectif de « craving » et sont relativement stables au travers du temps.

 

En analysant les réponses à ce test, il est possible d’identifier les déclencheurs de l’usage du tabac et de mesurer le degré d’addiction du sujet, pour finalement permettre un accompagnement médical plus précis et donc un traitement plus efficace.

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